jeudi 27 février 2014

FIV Icsi 2, le trou

Arrive la fin du mois de novembre et mon nouveau cycle, celui sur lequel on peut lancer la Fiv 2. Acupuncture, osthéo, tout est bien en place. Je me suis forgé un moral d'acier. On reprend le même traitement, celui qui a bien marché fin mai, un protocole court. Je deviens pro en piqûres de Ménopur.
Le jour de la première écho de monitorage, j'ai une grosse réunion de formation toute la journée. Je me suis dégagée pour l'après-midi, mes collègues me remplacent. Avant de quitter les collègues-amies avec qui j'ai bossé le matin, miss Sourire, qui est enceinte et accouchera fin février, vient m'embrasser, m'encourager pour les examens et le chemin à venir. Elle me dit, avec les yeux baissés: "Tu sais, je prie pour toi. Je ne sais pas si tu crois, mais pour moi c'est important." Je ne suis pas croyante, mais je suis très touchée par les attentions de miss Sourire. Plus que ça même. Je pars pour le cabinet de madame Echo, confiante et détendue.
Mais la première écho montre qu'il y a un problème : un seul de mes ovaires produit des follicules. L'un est déjà très gros (14 mm je crois) alors qu'on n'est qu'à J6 et les autres sont tout petits. Il faut anticiper la piqûre d'Orgalutran pour bloquer l'ovulation et de refaire les examens le lendemain. Là, je suis sonnée. Je ne m'attendais pas à ça. Par ailleurs, j'avais réussi à caler ce tout premier monitorage justement un jour où je n'avais pas cours, d'autres obligations mais pas de cours. Or refaire les examens le lendemain, c'est forcément louper des cours. Moi qui voudrais pouvoir tout bien organiser, prévoir, ça me bouscule un peu. Tant pis, c'est comme ça. J'appelle MonHomme pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. 
Le lendemain, les résultats sont les mêmes à peu de choses près. Madame Echo me dit qu'il faut arrêter le protocole. Qu'il n'est pas raisonnable de continuer, qu'on risquerait une très mauvaise ponction, que mon corps réagit de façon totalement anarchique à ce protocole, ce qui n'est pas une bonne indication, et qu'il vaut mieux se donner de meilleures chances sur un autre protocole. Je suis d'accord avec elle, même si cela me coûte. Elle me dit qu'elle va prévenir GrandGygy et que je peux l'appeler en fin d'après-midi pour envisager la suite. 
Il n'y aura pas de cadeau de Noël pour nous donc. MonHomme me dit que dès la veille, il se doutait qu'on allait en arriver là.
Moi, j'imagine qu'on va pouvoir recommencer dès début janvier. Mais quand j'ai GrandGygy au téléphone il m'explique que non, que là, il faut laisser un cycle de repos à mon corps parce que "vous comprenez, passé 40 ans, l'utérus est plus fragile" (ah, tiens, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé de mon âge) et puis pendant plus d'une semaine je lui ai envoyé des hormones et qu'il faut d'abord mettre mes ovaires au repos (ah, oui, mais ça, à 25 ans ça marche aussi, non???). Oui, c'est logique, je le savais au fond. L'espoir s'éloigne à mesure qu'on avance.

Je fais face, enfin j'essaie. Mais ce soir-là, à 20h30, je suis couchée, épuisée. Je passe le week-end à dormir et le lundi, je me lève pour aller en cours, mais non, je prends rendez-vous chez mon médecin et je me recouche. Je ne me sens pas de sortir. Je n'ai plus de force. Je ne veux voir personne. Je dors toute la journée. Et quand je ne dors pas, je pleure. Pendant deux mois, je me suis préparée à bien affronter cette nouvelle Fiv, j'ai mis tout ce que je pouvais de notre côté, j'ai fait en sorte de ne pas être trop fatiguée, d'être bien positive, d'être physiquement et moralement en forme et tout s'arrête presque avant d'avoir commencé. Encore une fois, je savais que ça pouvait arriver, mais je n'avais pas réussi à envisager que ça pouvait nous arriver. Tout ça pour ça. Découragée. Comme une sorte de grosse chute de tension.
Le soir, chez mon médecin, j'explique ce qu'il se passe car il s'inquiète de mon état, ne me voit pas malade, mais juste mal. 

Je reprends le boulot le lendemain. Je dois être livide car tous les collègues me disent que j'ai l'air très mal. J'explique que j'ai été malade et que je me remets mal. Pour ceux qui sont au courant, je glisse quelques mots, sans m'étaler, je ne peux pas. 
Je cogite, et je prends conscience que j'ai besoin de parler, que j'en ai trop gros sur le coeur, que je ne peux pas tout dire à MonHomme car certaines de mes colères ou certains de mes désespoirs pourraient être durs pour lui. Je décide de voir un psy (j'en ai déjà vu une il y a longtemps, pour de toutes autres raisons). Je cherche et trouve quelqu'un, monsieur Psy, qui soit dans l'échange et qui sache ce qu'est un parcours Pma et je prends rendez-vous. Dans mes recherches, j'ai aussi trouvé une autre personne, une femme, qui fait de l'accompagnement à la parentalité, madame Papillon. Elle est passée par la case Pma et aussi par la case adoption. Depuis, elle a orienté sa profession vers l'accompagnement aux femmes et hommes qui veulent devenir parents. Je me dis que je vais aller la voir aussi. Que je verrai ce qui me convient.

Je parle de ces décisions à MonHomme. D'un côté il trouve ça bien si j'en éprouve le besoin. Mais d'un autre il bloque parce qu'il trouve que je souffre alors que c'est lui qui a un problème.Nous en discutons, j'explique qu'il n'y a pas de concordance entre les problèmes médicaux et la souffrance ressentie. Que ce n'est pas lui qui a un problème mais nous. Et que je sais aussi que je ne suis pas la seule à en souffrir, même si je l'extériorise sans doute davantage. De ce point de vue là, celui de la souffrance morale, on ne s'occupe pas tellement des hommes non plus.

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