vendredi 28 février 2014

FIV 2b, je réagis bien, très bien, ouhlala, trop bien

Courant janvier, nous revoyons GrandGygy. Entre temps, nous avons beaucoup progressé. Nous avons bien débroussaillé notre terrain côté adoption et pris une décision. J'ai entrepris de parler à monsieur Psy et madame Papillon et je m'en porte bien mieux. Je poursuis le travail avec ostéo et acupuncture en fonction de mes cycles. Et nous avons aussi exploré à deux ce qui pouvait poser problème et que nous n'avions pas encore exploré. MonHomme voudrait bien que GrandGygy lui prescrive un nouveau spermogramme pour savoir où il en est et aussi un test de fragmentation et de décondensation afin d'être sûrs qu'on ne fait pas tout cela pour rien.
GrandGygy décide de changer le protocole et de passer sur un protocole mi-long : piqûre de Décapeptyl sur la fin du cycle précédent la ponction afin de mettre les ovaires au repos ; rendez-vous avec madame Echo aux alentours de J1 pour vérifier que les ovaires sont bien au repos. Puis en plus du Décapeptyl, piqûres de Ménopur et surveillance étroite, tous les deux jours, de J1 à J11. Et il prévoit une culture prolongée pour amener les embryons au stade blasto afin de sélectionner vraiment les meilleurs.
Nous lui parlons des questions que nous nous posons et il donne à MonHomme les examens que nous lui demandons en nous expliquant qu'il pense que cela ne lui fera pas modifier le protocole mais qu'il est de toute façon bien qu'on fasse ces examens si nous en ressentons le besoin. Il nous dit qu'on ne sait pas encore vraiment clairement quoi faire avec les résultats de ces examens, qu'il nous les expliquera quand nous les aurons.

Je suis donc hyper surveillée, c'est épuisant de courir de rendez-vous en rendez-vous. A J8, j'ai déjà 23 follicules. Madame Echo décide de diminuer progressivement les doses pour éviter l'hyperstimulation. Je commence à ressentir des tiraillements assez forts. Je fatigue. A J11, j'ai 24 gros follicules. Madame Echo, qui est toujours très pro et pas très bavarde, s'est montrée très humaine lors des deux dernières consultations. Nous avons pris le temps de parler 2 minutes d'un projet sans rapport avec la Pma parce que j'insistais pour avoir un rendez-vous pas sur tel créneau horaire parce que je recevais un écrivain en classe et que c'était calé depuis 4 mois. Ça m'a fait du bien de savoir que si elle scrutait mon utérus, je n'étais peut-être pas qu'un utérus tout de même... Et à J11, elle a commencé par me demander si je n'étais pas trop fatiguée. Là, ça m'a carrément soulagée. Oui, je me sens très, mais alors très très très fatiguée. Elle me répond qu'avec mon taux d'oestradiol, c'est tout à fait normal. J'en étais à 3300... OMG!!! Elle s'est montrée très douce, m'a prévenue qu'elle allait devoir appuyer un peu mais qu'elle n’appuierait pas trop. Puis elle m'a interrogée sur la suite de ma semaine: la ponction étant prévue 3 jours plus tard, elle voulait savoir si j'avais cours. Non, pas de cours d'ici jeudi, mais d'autres obligations, pas très importantes car j'avais fait le ménage dans ma semaine pour être le plus reposée possible pour la ponction. "Bon, tout ce que vous pouvez annuler, vous le faites. Vous restez le plus possible chez vous car il faut protéger vos ovaires. Vous marchez doucement." Ah, d'accord. De toute façon, j'étais déjà incapable de cavaler. Les jours qui suivent, j'annule presque tout. La douleur s'amplifie. M'asseoir et me lever deviennent un calvaire. Je reste chez moi au maximum. J'en profite pour télétravailler et faire de l'administratif à distance. Je ne culpabilise même pas. Après la ponction, je vais rater juste 2h de cours. La semaine d'après est une semaine d'examens au lycée, les cours n'ont pas lieu. Donc tout va bien. Je suis détendue dans ma tête, c'est une première.

Entre temps, nous recevons les résultats d'examens de MonHomme. Ce n'est pas bon. Côté spermo, certains points sont meilleurs (vitalité, mobilité) mais la numération s'est effondrée. Finalement, le voilà OATS... Le test de fragmentation est à 24,5 % (moyen moyen) et celui de décondensation est à 32 % (là, ça semble être un vrai problème). Il appelle plusieurs fois le cabinet de GrandGygy, on lui dit qu'il le rappellera, mais il ne rappelle pas. On décide que de toute façon, les dés sont jetés, que s'il y avait quelque chose de très grave qui nécessitait un changement de protocole, GrandGygy aurait rappelé. On verra les explications plus tard. Pour le moment, on se concentre sur la ponction.

Le jour de la ponction est là. Je suis détendue malgré la douleur. Je suis confiante. MonHomme aussi. Mais au réveil, j'ai mal. Je suis la seule de la salle de réveil à avoir mal, mais j'ai clairement mal. On me perfuse. GrandGygy vient me voir. "18 ovocytes, vous avez bien travaillé". Je suis contente. MonHomme est déçu. C'est le même résultat qu'à la 1re FIV et il espérait plus (c'est sûr qu'avec 24 follicules au lieu de 14). Je lui explique que la quantité compte, mais surtout la qualité. Je suis arrêtée pour une semaine. Le jour de la ponction est vraiment dur car j'ai mal, vraiment mal, à en pleurer. MonHomme est mal pour moi. Il a posé deux jours pour rester à mes côtés. Il en ajoutera 2 autres pour être avec moi jusqu'au transfert.
Le lendemain, coup de fil du labo : 15 ovocytes micro-injectés, 8 fécondés. Je trouve que c'est bien. MonHomme reste un peu déçu. Le labo nous explique qu'ils ne rouvriront pas notre boîte à embryons d'ici J5 pour laisser les embryons le plus possible au chaud sans perturber leur développement. Ils nous demandent de les appeler le matin du transfert vers 7h pour savoir s'il y a bien des embryons à transférer. Ben oui, mais on habite loin. Si on part de chez nous à 7h15, on ne sera pas à la clinique avant 8h00 voire 8h30 alors que d'habitude on nous demande d'être là à 7h30. Bon, on verra.

Et là commence une attente que nous ne connaissions pas encore : une attente longue et insupportable (celle qui a donné le titre de ce blog d'ailleurs). Tous les jours, on se demande si on a des embryons en train de se développer. C'est dur d'attendre ainsi.
Le matin du transfert, on part à 6h30. Ça roule hyper bien, tellement qu'on arrive juste avant l'ouverture du labo. On se présente à la clinique, on explique qu'on n'a pas encore eu le labo, qu'on ne sait pas si on a des embryons. On nous envoie directement au labo en nous disant qu'ils vont ouvrir dans quelques minutes. Les minutes semblent longues. Finalement quelqu'un arrive, nous installe et nous dit, oui oui, on vient d'ouvrir votre boîte, vous avez des embryons. Combien? Ah, je ne sais pas. On va venir vous le dire. Finalement, on attend une bonne heure. Je suis confiante. MonHomme est très angoissé. GrandGygy arrive enfin. Nous avons 2 beaux blasto (pas top, mais beaux quand même) et pour les autres, il va falloir attendre un peu pour savoir si on peut les congeler. Pour l'instant, ils ne sont pas assez développés. Il me demande si je n'ai pas eu trop mal (vous aussi ça vous inquiète?). En fait, la douleur, qui a été violente le jour de la ponction, a bien diminué jour après jour. Il me dit que les ovaires étaient vraiment très gros. Que là, si un embryon s'implante, l'hyperstimulation risque de repartir avec la stimulation hormonale liée à la grossesse. Que c'est à nous de décider ce qu'on veut, le risque qu'on veut prendre et combien on veut d'embryons. Il nous dit qu'il pense qu'on peut prendre ce risque, que ça vaut le coup. Nous, si on nous laissait faire, on prendrait tout, tous les embryons, et puisqu'on est là, vous n'avez qu'à nous mettre aussi ceux des autres couples tiens. On n'est pas regardants, allez. (On est tous dans cet état-là le jour du transfert, non?) Le transfert se fait. Nous rentrons nous mettre en mode couvade.

On couve ensemble. Je suis en arrêt jusqu'à la fin de la semaine et après ce sont les vacances. Je peux donc totalement me consacrer à mon repos et à mes embryons. Je ne fais rien d'autre. Je lis des blogs de pmettes, plein de blogs. Nous couvons à deux. MonHomme attrape la grippe (bien qu'il soit vacciné... bon, c'est mieux maintenant qu'il y a une semaine juste pour la Fiv...) et il est arrêté toute la semaine du coup. Mademoiselle LeChat nous déclenche une allergie qu'elle a déjà eu cet hiver. Je fais donc aussi garde-malade. Je suis détendue et positive. Nous recevons un courrier du labo qui nous dit qu'ils ont congelé 3 embryons. C'est une bonne nouvelle mais je me concentre sur les 2 qui sont dans mon utérus. Le reste, on verra plus tard.

1re prise de sang : encore négatif. Combien de fois le monde peut-il s'effondrer ainsi?

En attendant la 2e prise de sang, nous essayons de réfléchir à ce qu'on veut. Alors que jusqu'à ce moment je pensais vouloir enchaîner vite, là je me dis qu'on a un problème non identifié et qu'il ne faut pas se lancer dans la suite sans avoir exploré les pistes encore inexplorées. Une biopsie de l'endomètre. Des explications sur les derniers examens de MonHomme.

Après la 2e prise de sang, GrandGygy nous rappelle. Ce 4e négatif le laisse perplexe. "Bien sûr, à 40 ans (et c'est reparti???) en théorie, ça marche moins bien. Mais en ce qui vous concerne, votre réponse au traitement est très bonne et vous avez une bonne réserve ovarienne, ça devrait marcher (ah bon, c'est pas vraiment mon âge le problème alors). Je ne veux pas vous lancer dans un transfert, je veux d'abord vous revoir en consultation." Ah, c'est bien. Ça me soulage et ça colle à ce qu'on voulait aussi. On arrive à obtenir un rendez-vous très rapide.

Je revois l'acupunctrice au début du nouveau cycle et nous reparlons de cet âge qu'on n'a cessé de me renvoyer, de façon discrète, sans aucune accusation ni même une once de reproche c'est vrai, mais avancé jusqu'à maintenant comme seule explication et qui semble enfin ne plus être une explication suffisante ni peut-être même valable.  Elle me dit que bon, j'ai pondu 18 ovocytes à chaque fois, dont 15 et 18 se sont avérés suffisamment bien pour qu'on les micro-injecte, et que ça a donné 17 ovocytes fécondés, 14 embryons dont en tout 6 blasto et 3 embryons plus jeunes soit transférés soit congelés. Franchement, c'est un très beau score. Elle me rappelle que bien des femmes plus jeunes n'en ont pas autant. Donc les résultats de nos ponctions semblent bons, voire très bons en fait. Malgré mon grand âge.

jeudi 27 février 2014

La 3e pause, mens sana in corpore sano (ou presque)

J'arrive à sortir la tête de l'eau au retour des vacances de Noël, en particulier grâce à monsieur Psy et à madame Papillon. L'un comme l'autre écoutent notre histoire, me laissent longuement pleurer. L'un comme l'autre me rassurent quant à mon âge, à l'impact du psychisme, aux vraies raisons pour lesquelles j'ai choisi de les voir, m'aident à y voir plus clair sur l'adoption.
Monsieur Psy me fait beaucoup de bien quand, lors de la 2e ou 3e séance, il m'explique qu'il comprend que je me sente coupable, que c'est un grand classique, mais que je ne suis en rien coupable de rien du tout, que MonHomme ne l'est d'ailleurs pas plus. Aucun de nous n'a choisi les performances de son corps. Que le parcours que nous avons choisi de suivre est un parcours qui nous permettra peut-être de concevoir malgré nos corps et que maintenant, ce sont en général les médecins qui œuvrent au mieux pour que ça marche, avec des connaissances que nous n'avons pas et que nous, nous n'y pouvons rien. Vraiment rien. Que nous n'avons pas vraiment d'emprise sur la réussite ou l'échec des essais. Qu'il est difficile d'accepter qu'on ne peut rien faire, mais que c'est aussi un soulagement, pourvu qu'on ait confiance en notre équipe médicale.
Quand je lui parle des difficultés que je rencontre au sujet de mon âge, de la culpabilité que j'éprouve, du fait qu'on me renvoie cette unique explication aux échecs, il me dit que tout de même, il lui semble que j'ai une bonne réponse hormonale aux traitements, que d'ailleurs ma réserve ovarienne est bonne et que donc, mon âge ne fait pas grand-chose sans doute à l'affaire puisque les indicateurs biologiques de mon côté semblent bons. Il me dit aussi que, avec les informations que je lui ai données et sans être médecin, il lui semble probable que les problèmes que nous rencontrons actuellement, nous les aurions rencontrés aussi 10 ans plus tôt. Que l'âge ne lui semble pas vraiment être la source de nos problèmes même s'il ne faut pas perdre de vue que l'âge ne peut pas jouer en notre faveur.
Madame Papillon de son côté, m'aide à comprendre que nos difficultés font partie de notre parcours, de notre couple, de ce que nous sommes et que nous nous aimons malgré cela. Elle me fait rire en me demandant si j'ai réclamé à MonHomme un spermogramme avant de tomber amoureuse de lui et avant de vouloir avoir un enfant avec lui. De son côté, a-t-il pensé à contrôler mon utérus, mon endomètre? Ah, c'est une idée ça pour les sites de rencontre tiens... :-) Une fois cela accepté, on se sent moins coupable et on se sent aussi moins en colère. C'est injuste, mais personne n'y peut rien et on s'aime malgré cela. L'essentiel est d'arriver à faire son chemin avec-malgré cela.
Monsieur Psy m'aide à être plus philosophe devant le chemin qu'il reste encore à parcourir et dont nous ignorons tout. Madame Papillon me replonge dans mes racines et cela m'aide à me repositionner dans mon propre parcours. Peu à peu, je vais mieux.

De leur côté, ostéo et acupunctrice jouent aussi leur rôle, également dans une écoute active, dans des conseils avisés. Et bien sûr dans leurs métiers respectifs.
Ostéo trouve que je me détends bien et que les choses reprennent leur souplesse. Avec l'acupunctrice, nous discutons pas mal pendant le temps où les petites aiguilles font leur effet. Nous parlons ensemble du fait que le corps médical s'occupe très peu des messieurs, quelle que soit l'origine du problème ou des problèmes. En général, une fois les problèmes identifiés, on s'occupe d'essayer de contourner ses problèmes dans le corps de la femme, si celle-ci n'a pas de gros problèmes. Bien sûr, le corps féminin est incontournable, mais si on s'occupait de résoudre, autant que faire se peut, les problèmes des messieurs, on aurait peut-être de meilleurs résultats?
Et puis ça éviterait aussi que les hommes se sentent presque totalement passifs malgré eux et ne se sentent d'une certaine façon exclus du processus et des difficultés physiques. Combien d'hommes souffrent en silence, parce qu'ils voient leur compagne souffrir, endurer des traitements éprouvants, même si parfois elle n'a pas de problème particulier. Combien n'osent rien dire de leur souffrance à eux, de la culpabilité qu'ils éprouvent eux aussi, simplement parce qu'on leur laisse penser que leur seul rôle, dans cette histoire, c'est de soutenir leur compagne et que du coup, n'ayant pas trop à endurer, ils ne seraient pas censés avoir besoin de soutien eux aussi.

L'adoption, un autre long chemin

Nous y avons pensé en avons parlé très tôt, dès le premier spermogramme en fait. Avant qu'on ait totalement conscience qu'on avait vraiment un problème. Avant qu'on nous dise d'aller faire un tour en Pma. Quand on a commencé à envisager ensemble les différentes possibilités, si nous ne pouvions pas faire un bébé tout seuls: Fiv, don de sperme (je ne savais même pas que le don d'ovocytes existait), adoption.

En octobre, après le troisième échec, celui de Tec 1.2, nous en avons reparlé, un peu.

En décembre, après l'interruption de Fiv 2, nous avons décidé d'y réfléchir plus sérieusement. Nous avons lu des choses. Et là, on a découvert qu'obtenir l'agrément était un long parcours aussi. Et puis on a repris une claque sur notre âge. En fait, pour l'adoption ensemble (parce que ce projet, on l'a ensemble), on n'est pas assez mariés, trop pacsés, trop en pma, trop vieux aussi. Enfin on a tout faux. Encore.

Alors oui, pour adopter à deux en France il faut être mariés. Voilà une chose que j'ignorais totalement. Je m'imaginais (oui, je suis un peu naïve quand je veux) que vivre ensemble depuis un certain temps, être pacsés, était suffisant. Ben non. Alors voilà. Nous, on a imaginé un certain mariage l'été dernier et on a décidé qu'on se marierait plus tard. Après le bébé. Et là, on réalise que finalement, sur le chemin de l'adoption, il faudrait plutôt se marier d'abord si on veut un enfant, avant même de demander l'agrément. Mais ça change tout!!! Mais il faut repenser les choses, se dépêcher peut-être, renoncer à ce qu'on a imaginé comme fête à JolieMaison pour se marier un peu plus vite et pouvoir prendre ensemble le chemin de l'adoption. J'en parle avec ma soeur, qui me dit "Ben s'il faut vous marier pour pouvoir adopter, alors vous foncez à la mairie tous les deux avec vos témoins et on fera une fête plus tard, ça n'a pas d'importance." Oui. Mais non. Je ne sais pas. Oui et non. Je ne sais pas. On ne sait pas.

Pour adopter à l'étranger, en règle générale, le Pacs, c'est pas bien. Ah bon??? Ben oui. Parce que ça veut dire que tu vis officiellement avec quelqu'un mais en dehors des liens du mariage et ça, c'est mal apparemment. Mon dieu quelle horreur!!!  Et en plus, si ça se trouve, ça pourrait même être un couple homosexuel. Le pompon. Mon dieu, quelle horreur abominable!!! C'est pas grave, on comptait se marier, il faudra juste trouver le bon timing.

Pour adopter, un peu partout, il ne faut pas être trop vieux. Alors là, j'ai fait un gros travail parce qu'au début, j'étais assez révoltée. Avec la réflexion, je comprends bien que les associations qui cherchent des parents pour les enfants cherchent des couples plus jeunes que nous au moins pour une question d'espérance de vie (ben oui, ça compte, c'est évident), pour une question d'harmonie et de gestion aussi. C'est sûr qu'apprendre à un gamin à faire du vélo, c'est plus facile, moins épuisant, quand on vient d'avoir 40 ans par exemple que quand on en a 50. Il y a tout plein d'explications que je peux entendre. Mais bon, on a autant d'amour à donner à 30, 40, 50 ans. Et ça, ça compte aussi. Je ne pense pas être une plus mauvaise mère parce que je suis plus vieille. Enfin bref. De toute façon, nous avons gentiment fait le tour des réglementations des pays, et un peu partout, il faut que la femme ait moins de 40 ans (l'homme, on s'en tape apparemment... ben voyons). Voilà, il ne nous reste pas beaucoup de pays qui puissent vouloir de nous.

Enfin, pour adopter, il n'est pas trop bon être en pma. Enfin ça se discute beaucoup apparemment. Ce n'est pas partout pareil. Ça évolue. Là aussi, j'ai fait un travail. Je comprends très très bien qu'il serait terrible d'avoir un enfant qui nous attende quelque part et que je me retrouve enceinte. Que faire? Au début, je me disais: Mais voyons, on prend tout nous. On attend tellement qu'on sera contents de tout. Ce serait même une bénédiction. Mais après réflexion, j'ai réalisé que ce n'était pas si simple. Que je n'étais pas sûre d'être capable d'assumer physiquement et psychiquement l'arrivée simultanée de deux petits avec chacun leurs besoins très différents. Alors oui, dans ce cas, nous risquerions de devoir abandonner un enfant déjà abandonné. Ce serait terrible. En même temps, mon psy et mon accompagnante à la parentalité ont été formels: combien de fois ça arrive réellement ça, tomber enfin enceinte pile au moment où on vous attribue un enfant à adopter??? Non, en fait, selon eux, les couples en pma gèrent très bien le moment où ils décident de faire avancer leur dossier d'adoption en fonction de leurs essais Pma. Les deux n'avancent pas en même temps. Quant à la question du deuil de l'enfant biologique, pour eux deux, c'est une bêtise: on ne fait jamais ce deuil, et pour ceux qui n'ont jamais conçus, on ne peut d'ailleurs par faire le deuil de quelque chose qui n'a pas été. Il faut simplement savoir ce qu'on veut et être bien conscient des spécificités liées à l'adoptin. L'enfant adopté doit être désiré comme un enfant avant tout. Ce ne doit évidemment pas être une solution de repli, un pis-aller. Oui, c'est évident. Bref, on verra ça plus tard.

On a parlé des difficultés liées à l'adoption. De mon côté, j'ai longtemps pensé que je ne voudrais jamais adopter. Parce que j'ai une cousine, la plus proche de moi en âge, avec qui j'ai passé presque toutes mes vacances, qui a été adoptée mais ça s'est vraiment mal passé et ça continue à se passer très mal avec ses parents. Elle est épouvantable avec eux, vraiment. Tellement que j'ai coupé les ponts avec elle depuis 20 parce que j'ai trouvé qu'elle me faisait trop de mal. Alors évidemment, j'ai toujours peur que ça puisse vouloir dire que ça se passe forcément aussi mal. Même si j'ai plein d'exemples d'adoptions sans difficultés particulières autour de moi. Ça me fait tout de même peur.
Du côté de MonHomme, il a peur des conséquences du déracinement sur l'enfant, peur que l'adoption le rende encore plus malheureux. Il a encore peur de ne pas s'y retrouver avec un enfant peut-être si différent de nous (pourtant, dans ma famille, il n'y a que des métisses dans mes neveux et nièces, mais ce n'est pas tout à fait pareil). Il y a donc du travail à faire. Mais il est partant.

Donc on a vu tout ça, pris conscience de tout ça, vu un peu le long parcours que c'était. Et on a décidé. On a décidé qu'on allait d'abord s'occuper de cette Fiv 2 (si elle voulait bien avoir lieu), de ça et rien que de ça, et puis que si ça ne donnait rien, alors il faudrait qu'on se bouge pour lancer la demande d'agrément parce que celle-ci prendra environ un an. Pendant ce temps, on pourra continuer notre chemin Pma. On planifiera dans ce cas un mariage l'été prochain. Un peu à l'arrache, pas tout à fait comme on l'aurait voulu. Mais tout de même pas si loin et au moins dans la bonne région, même si on risque de ne pas pouvoir le faire là où on l'aurait voulu. C'est une bonne solution moyenne. La demande d'agrément, je peux la lancer seule et spécifier qu'il s'agit d'un projet de couple, qu'on va se marier bientôt et faire tous les entretiens ensemble. Une fois qu'on est mariés, on demande une mise à jour, ça se fait très bien paraît-il.

Bon, voilà. On en est là. Pas dit que ça ne bougera pas, mais au moins on prend nos marques. Et on continue à réfléchir.

FIV Icsi 2, le trou

Arrive la fin du mois de novembre et mon nouveau cycle, celui sur lequel on peut lancer la Fiv 2. Acupuncture, osthéo, tout est bien en place. Je me suis forgé un moral d'acier. On reprend le même traitement, celui qui a bien marché fin mai, un protocole court. Je deviens pro en piqûres de Ménopur.
Le jour de la première écho de monitorage, j'ai une grosse réunion de formation toute la journée. Je me suis dégagée pour l'après-midi, mes collègues me remplacent. Avant de quitter les collègues-amies avec qui j'ai bossé le matin, miss Sourire, qui est enceinte et accouchera fin février, vient m'embrasser, m'encourager pour les examens et le chemin à venir. Elle me dit, avec les yeux baissés: "Tu sais, je prie pour toi. Je ne sais pas si tu crois, mais pour moi c'est important." Je ne suis pas croyante, mais je suis très touchée par les attentions de miss Sourire. Plus que ça même. Je pars pour le cabinet de madame Echo, confiante et détendue.
Mais la première écho montre qu'il y a un problème : un seul de mes ovaires produit des follicules. L'un est déjà très gros (14 mm je crois) alors qu'on n'est qu'à J6 et les autres sont tout petits. Il faut anticiper la piqûre d'Orgalutran pour bloquer l'ovulation et de refaire les examens le lendemain. Là, je suis sonnée. Je ne m'attendais pas à ça. Par ailleurs, j'avais réussi à caler ce tout premier monitorage justement un jour où je n'avais pas cours, d'autres obligations mais pas de cours. Or refaire les examens le lendemain, c'est forcément louper des cours. Moi qui voudrais pouvoir tout bien organiser, prévoir, ça me bouscule un peu. Tant pis, c'est comme ça. J'appelle MonHomme pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. 
Le lendemain, les résultats sont les mêmes à peu de choses près. Madame Echo me dit qu'il faut arrêter le protocole. Qu'il n'est pas raisonnable de continuer, qu'on risquerait une très mauvaise ponction, que mon corps réagit de façon totalement anarchique à ce protocole, ce qui n'est pas une bonne indication, et qu'il vaut mieux se donner de meilleures chances sur un autre protocole. Je suis d'accord avec elle, même si cela me coûte. Elle me dit qu'elle va prévenir GrandGygy et que je peux l'appeler en fin d'après-midi pour envisager la suite. 
Il n'y aura pas de cadeau de Noël pour nous donc. MonHomme me dit que dès la veille, il se doutait qu'on allait en arriver là.
Moi, j'imagine qu'on va pouvoir recommencer dès début janvier. Mais quand j'ai GrandGygy au téléphone il m'explique que non, que là, il faut laisser un cycle de repos à mon corps parce que "vous comprenez, passé 40 ans, l'utérus est plus fragile" (ah, tiens, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé de mon âge) et puis pendant plus d'une semaine je lui ai envoyé des hormones et qu'il faut d'abord mettre mes ovaires au repos (ah, oui, mais ça, à 25 ans ça marche aussi, non???). Oui, c'est logique, je le savais au fond. L'espoir s'éloigne à mesure qu'on avance.

Je fais face, enfin j'essaie. Mais ce soir-là, à 20h30, je suis couchée, épuisée. Je passe le week-end à dormir et le lundi, je me lève pour aller en cours, mais non, je prends rendez-vous chez mon médecin et je me recouche. Je ne me sens pas de sortir. Je n'ai plus de force. Je ne veux voir personne. Je dors toute la journée. Et quand je ne dors pas, je pleure. Pendant deux mois, je me suis préparée à bien affronter cette nouvelle Fiv, j'ai mis tout ce que je pouvais de notre côté, j'ai fait en sorte de ne pas être trop fatiguée, d'être bien positive, d'être physiquement et moralement en forme et tout s'arrête presque avant d'avoir commencé. Encore une fois, je savais que ça pouvait arriver, mais je n'avais pas réussi à envisager que ça pouvait nous arriver. Tout ça pour ça. Découragée. Comme une sorte de grosse chute de tension.
Le soir, chez mon médecin, j'explique ce qu'il se passe car il s'inquiète de mon état, ne me voit pas malade, mais juste mal. 

Je reprends le boulot le lendemain. Je dois être livide car tous les collègues me disent que j'ai l'air très mal. J'explique que j'ai été malade et que je me remets mal. Pour ceux qui sont au courant, je glisse quelques mots, sans m'étaler, je ne peux pas. 
Je cogite, et je prends conscience que j'ai besoin de parler, que j'en ai trop gros sur le coeur, que je ne peux pas tout dire à MonHomme car certaines de mes colères ou certains de mes désespoirs pourraient être durs pour lui. Je décide de voir un psy (j'en ai déjà vu une il y a longtemps, pour de toutes autres raisons). Je cherche et trouve quelqu'un, monsieur Psy, qui soit dans l'échange et qui sache ce qu'est un parcours Pma et je prends rendez-vous. Dans mes recherches, j'ai aussi trouvé une autre personne, une femme, qui fait de l'accompagnement à la parentalité, madame Papillon. Elle est passée par la case Pma et aussi par la case adoption. Depuis, elle a orienté sa profession vers l'accompagnement aux femmes et hommes qui veulent devenir parents. Je me dis que je vais aller la voir aussi. Que je verrai ce qui me convient.

Je parle de ces décisions à MonHomme. D'un côté il trouve ça bien si j'en éprouve le besoin. Mais d'un autre il bloque parce qu'il trouve que je souffre alors que c'est lui qui a un problème.Nous en discutons, j'explique qu'il n'y a pas de concordance entre les problèmes médicaux et la souffrance ressentie. Que ce n'est pas lui qui a un problème mais nous. Et que je sais aussi que je ne suis pas la seule à en souffrir, même si je l'extériorise sans doute davantage. De ce point de vue là, celui de la souffrance morale, on ne s'occupe pas tellement des hommes non plus.

mercredi 26 février 2014

Miss Neuneu

Je dois dire que lors de ce TEC 1.2, j'ai eu affaire à quelques infirmières ou secrétaires vraiment pas trop dégourdies. Je ne sais pas si c'est la fragilité et la fatigue dans laquelle tout cela nous met ou si c'est elles, mais vraiment, parfois, je me suis demandé à quoi elles pensaient...

Neuneu n°1: gentille, mais pas au point
Celle qui fait ma prise de sang pendant le monitorage. Elle est jeune, elle me pose consciencieusement les questions qui sont sur sa feuille.
  • Nom, prénom
  • date de naissance, 
  • date des dernières règles, 
  • cadre dans lequel vous faites ces examens : une fiv, plus précisément un transfert d'embryon mademoiselle
  • le transfert a déjà eu lieu? pardon? ben non, je suis à J7 là...
Deux jours après, je reviens. La même, suivant toujours son papier.
  • blablabla
  • date des dernières règles: là je précise, je suis à J9
  • cadre blablabla
  • le transfert a déjà eu lieu? ben non écoutez, on ne fait pas un transfert à J9, sauf cycle vraiment vraiment ultracourt hein, c'est plutôt après le 14e jour du cycle les transferts... (dis-donc cocotte, tu as été absente pendant les cours sur les cycles menstruels, les grands principes de la fécondation et de la nidation, tu as une idée de ce que c'est l'ovulation et à quoi ça sert????)
Bon, je dois dire qu'en décembre, quand je suis revenue et que j'ai retrouvé la même, j'ai vu avec plaisir qu'elle avait intégré ces petites mises au point. Cette fois-ci, elle a eu l'idée de me demander si je connaissais déjà la date de ma fiv. Bravo!!! Tu as réussi à retrouver la bonne chronologie!!!

Neuneu n°2: dispose d'un renseignement un peu ancien et n'a aucun recul critique
Accueil du labo pour la prise de sang bêta HCG. On est début octobre. "Alors donc vos dernières règles datent du 19 juin"... Heu, comment dire, oui, j'ai des cycles parfois longs, mais là, si je viens faire un test de grossesse au bout de plus de 3 mois, il y a un problème, non??? Ou bien je suis tellement contente de cette super nouvelle que je tiens à me la faire confirmer encore et encore???

Neuneu n°3: trop consciencieuse au goût d'une Pmette qui vient juste pour confirmer que le test est toujours négatif
Pas méchante, juste consciencieuse. Elle n'arrivait pas à comprendre combien de fois j'allais devoir refaire cet examen parce que sur l'ordonnance, GrandGygy a marqué de faire le test à telle date puis telle date et en-dessous, il y a écrit: "à refaire 3 fois si positif". Alors Neuneu n°3 se demande si 3 fois, c'est juste 3 dates, ou si c'est 3 fois deux dates, donc 6 fois... Elle me demande, je n'en sais rien et lui dit que ça n'a pas d'importance vu que c'est "si positif". Mais elle s'obstine. Demande à sa collègue. J'ai fini par hausser un peu le ton pour lui dire qu'il y a écrit "si positif" et que vu que la 1re fois était tout à fait négative elle n'a pas trop à s'inquiéter, qu'il n'y aurait juste aucune autre date. Elle s'est rassise toute confuse, en murmurant un "ah oui, bon, on verra". J'étais un peu désolée, mais bon, faut pas énerver une Pmette en colère contre la terre entière, d'abord.

La 2e pause, le temps de se ressourcer

Je fais donc pendant cette pause mon chemin avec les médecines parallèles.

Côté osthéo, je suis très contente du contact et j'ai le sentiment que ce qu'elle fait m'aide. Je ne suis pas en si mauvais état, mais côté viscères, ventre, utérus, c'est très serré, pas assez souple.

Coté acupuncture, je m'y fais très bien. Finalement les petites aiguilles, ça picote, mais c'est tout. Et je me sens toujours très détendue en sortant. Elle a commencé par regarder mes bilans hormonaux et m'a dit que j'avais vraiment de bons résultats. Elle a aussi regardé les résultats de MonHomme, même si elle ne traite pas spécialement les hommes. Et, comme elle est médecin, elle lui a fait une prescription de compléments qui devraient améliorer la vitalité et la mobilité des zozos. C'est bien. Moi qui trouvait qu'on s'occupait peu de l'homme dans cette affaire, je suis contente qu'elle, elle s'en occupe et propose quelque chose. Elle me prescrit aussi quelques compléments qui doivent booster un peu l'ovulation dont elle s'occupe avec ses petites aiguilles. Elle me fait un peu l'effet d'une Shiva.
Lors d'un rendez-vous ultérieur, je lui parle de cette histoire de mon âge qui me mine. Ça la fait rire. Elle me dit que franchement, des femmes de mon âge avec mes taux hormonaux, ben l'âge n'est pas vraiment un problème. Ce sont les taux qui comptent et les miens sont plutôt ceux d'une femme en âge de procréer. Elle me dit qu'elle a dans ses clientes des femmes bien plus jeunes avec des taux qui posent problème, qui ne sont pas en concordance avec leur âge pour le coup.

Et puis vient le joli mois de novembre, où nous nous pacsons, juste tous les deux, une journée rien que pour nous. J'ai une jolie bague, choisie ensemble avec soin, faite par une chouette petite créatrice, une bague qui ondule comme une vague, un coquillage, et qui contient 3 petits diamants. Trois, pas deux. C'est d'autant plus joli que la même petite créatrice m'a réparé la très belle bague de fiançailles que ma grand-mère adorée m'a léguée. J'ai donc en même temps deux bagues de fiançailles, une à chaque main. Une qui contient mes racines et l'autre mon avenir. Et puis le lendemain de ce joli jour, nous faisons une belle fête de fiançailles, avec nos plus proches. Mon frère est venu tout exprès des Etats-Unis (bon, il en profite pour rester 10 jours et nous voir, voir ses amis, profiter de GrandeVille). Ma soeur nous fait rire en disant que bon, on se fiance, à l'ancienne, tout ça pour faire une fête de plus (elle n'a pas tort). On fait ça dans un petit resto qu'on aime vraiment, qu'on a privatisé et où on nous a préparé un repas d'exception. On s'amuse bien, on chante. On est heureux. Tout est parfait.

Pourquoi tant de haine?

Vient le moment du rendez-vous avec GrandGygy pour aller vers Fiv2. 
Il nous refait les ordonnances pour quand on sera prêts à reprendre et nous discutons un peu des échecs. Il n'a pas d'explication. La seule chose qu'il voie, c'est mon âge. A 40 ans, vous comprenez, la mécanique marche moins bien, c'est moins évident, ça réagit moins bien. Il voit ma tête, je dois être livide, décomposée. Il me dit qu'il sait que c'est difficile parce que c'est bien la seule chose sur laquelle je ne puisse vraiment vraiment pas agir. Il nous raccompagne en nous souhaitant bien du courage. Nous sortons. Dehors, je m'effondre. Il y a un banc, je m'y laisse tomber et je sanglote. Voilà, je suis trop vieille. On a trop attendu et je suis trop vieille maintenant, et rien ne pourra changer ça. MonHomme est désemparé. Il ne sait pas quoi me dire. Sauf qu'on va y arriver.
Et là, je ressens une profonde injustice que je n'avais pas encore ressentie (et là, je vais écrire ce que j'ai ressenti, qui est très faussé en fait, et dont j'ai appris à me détacher depuis, mais c'est vraiment comme ça que je l'ai vécu sur le coup, et pendant au moins deux mois, comme ça que j'ai continué à le vivre). Je suis coupable de cet âge qu'on m'accuse d'avoir. Mais je n'y peux rien, à mon âge! Et bien pire, moi, à 35 ans, j'étais prête, pressée même. Je n'y peux rien, moi, si MonHomme n'était pas prêt, lui. Evidemment, je l'ai attendu, parce que cet enfant c'est avec lui que je le veux, pas avec aucun autre. Et je trouve ça très injuste qu'on me reproche mon âge et qu'on ne se soucie pas du tout de lui. Je trouve que dans tout ça, on s'occupe très peu de ses résultats à lui. Bien sûr il n'y est pour rien, mais pourquoi personne n'essaie-t-il d'améliorer ses résultats, peut-être qu'avec un spermogramme meilleur on aurait plus de chances d'y arriver (et que mon âge serait moins grave??? - oui, bon, avec le recul, je dois dire qu'on se fait de drôles d'idées dans ces moments-là, mais je persiste à trouver qu'on s'occupe très très peu de savoir pourquoi les résultats de ces messieurs sont ce qu'ils sont et comment on pourrait les améliorer). Et puis aussi, quand j'ai eu 37 ans et que MonHomme était prêt, ça n'a pas fonctionné mais on nous a dit de patienter un peu (environ un an). Puis on nous a (enfin) fait faire des examens qui, en ce qui concerne MonHomme, étaient assez clairs comme indication, et en ce qui me concerne, auraient dû déclencher d'autres examens plus précis, lesquels n'ont pu être faits qu'un an plus tard, au 1er rendez-vous chez GrandGygy. Bref, les médecins "classiques", pourtant spécialisés et reconnus dans ce domaine, ont bien attendu un an et demi avant de nous envoyer voir un vrai spécialiste. On a perdu un an et demi bêtement. Et maintenant on me reproche d'avoir trop attendu.

La 2e pause, les chemins parallèles


Après la 2e prise de sang, nous reprenons rendez-vous avec GrandGygy pour envisager la suite. Pour tout dire, nous entrons dans notre période pause n°2. D'abord parce qu'il nous fallait faire une pause pour nous remettre et que ça tombait bien, le rendez-vous était assez lointain. Et aussi parce que de toute façon, nous avions planifié notre Pacs et nos fiançailles en novembre et que là, si on repartait direct sur une prochaine Fiv, eh bien la ponction tomberait à coup sûr le jour du Pacs (euh, non, nous on a rendez-vous à la mairie ce jour-là, et en fin de matinée) ou le lendemain, jour de nos fiançailles (euh, non plus, on a déjà réservé notre super-joli-resto et envoyé nos 20 faire-parts à nos invités d'amour). GrandGygy a trouvé que ce genre de pause, c'est bien aussi. Ça aide à repartir.

En attendant le prochain rendez-vous et parce que je sais qu'on va attendre fin novembre pour relancer (à ce moment-là, on est début octobre), je cogite ferme sur ce qui pourrait nous aider, améliorer les choses, accroître les chances de succès. Et je plonge dans les médecines douces. Osthéo? Pourquoi pas. Mon kiné, qui est très fort, n'est pas osthéo mais a suivi une partie de la formation et régulièrement il pratique des choses qui sont de l'ordre de l'osthéopathie. Comme il est vraiment très fort et m'a soulagée de bien des choses, je me dis que je peux explorer cela. Ça ne peut pas faire de mal. Je me trouve une osthéo tout près de chez moi. Et l'acupuncture? Une copine me recommande une médecin-acupunctrice qu'elle a vu à sa dernière grossesse, qui n'est pas loin de chez moi et est spécialisée dans les problèmes de fertilité et le suivi de grossesse. Ok. Encore des piqûres, tu es sûre? Sûre, sûre? Bon, j'ai peur, je ne sais pas trop, mais je me dis que je dois tenter. Si ça peut aider, ça ne peut pas faire de mal. Bon, j'en parle à MonHomme, à lui aussi tout cela pourrait faire du bien. Mais, là, c'est trop pour lui. Des aiguilles, t'es pas un peu malade??? Je prends rendez-vous, je verrai bien.
Ah tiens, il y en a qui parlent d'autohypnose. Qu'est-ce que c'est? Un disque de relaxation, une dame qui te cause et essaie de te détendre et de te convaincre que ça va aller. Essayons ça. Je trouve ça un peu ridicule au fond, mais je me dis que je dois essayer. Et je dois dire que si je ne suis pas très assidue, j'aime assez bien tout de même. D'abord parce que, objectivement, quand j'écoute les pistes, c'est du temps pour moi, rien que pour moi, les yeux fermés, pour me détendre et que je m'en trouve réellement plus détendue. Parce que ça me permet de décrocher. Et parce que j'espère que ça a un tout petit impact quelque part.

Une grande chance

Il est temps que je dise combien, au milieu du malheur de ces épreuves, j'ai de chance. Ma famille nous soutient juste comme il faut, avec juste les bons mots, les bonnes intentions.
Les amis les plus proches sont de véritables soutiens, qu'ils soient passés eux aussi par là ou non. Indéfectibles. Demandant des nouvelles juste quand il faut. Posant des questions, mais pas trop. Nous laissant voir ce qu'on veut dire ou non, et quand.
Et des collègues en or. Je ne voyais pas comment ne pas parler de notre situation avec mes divers collègues car les rendez-vous pma prenaient trop de place, bouleversaient trop régulièrement et au dernier moment mon emploi du temps, des réunions prévues, m'amenant à déplacer, annuler des réunions que je devais animer ou auxquelles je devais participer. Alors j'ai fait le choix d'abord de le dire à mes chefs bien sûr pour expliquer par avance des demandes d'autorisation d'absence déposées au dernier moment voire après coup... Et les chefs depuis le début se montrent très compréhensifs, me demandant comment ça va, m'invitant à m'arrêter s'il le faut. (Bon, il faut dire que GrandChef a eu des moments très durs dans sa vie personnelle, bien pires que ce que je vis là, et qu'il sait ce que veut dire concilier des examens médicaux et une vie professionnelle, ça aide grandement je pense) Et puis j'ai choisi de le dire aussi aux collègues avec lesquels j'ai à travailler. Ceux avec lesquels je fais un mi-temps ailleurs, dont Copine, et qui ne cessent de me mettre à l'aise en me disant que mon projet est prioritaire et qu'ils se débrouilleront sans moi si je ne peux pas être là à tel ou tel moment, qu'il est important que je me repose si j'en ai besoin. Et puis ceux du lycée, avec qui je partage tel ou tel groupe, tel ou tel projet. Ils sont aussi d'un grand secours, très compréhensifs. J'ai été très soulagée aussi d'apprendre qu'un de mes collègues est passé par là lui aussi. Du coup, si tous sont vraiment supers, je sais qu'en plus, lui il sait vraiment ce que je peux traverser. Bref, je suis drôlement bien entourée et je sais, surtout depuis que je lis les blogs pma, que j'ai vraiment bien de la chance de ce point de vue.

TEC 1.2 : le retour.


En septembre, c'est le retour au boulot. Le retour en pma aussi. Nous sommes à nouveau à fond. On y croit, on est positifs.
De nouveau monitorage simple avec juste 2 séances. Gonadotrophine. Et transfert d'un beau blasto, un B3AA (on est fiers comme tout). Je tâche de ne pas prêter trop d'importance aux symptômes ou à l'absence de symptômes. Oui, parce que pour Fiv1, c'était tout un festival, et j'ai G***lisé à mort... 
J'ai beaucoup de boulot à côté, d'ailleurs je crois que je m'occupe l'esprit comme ça aussi et je ressens la fatigue. Le jour de la première prise de sang, j'ai un rendez-vous en fin de matinée pour une réunion que je pilote dans un établissement. Bon, je scrute sur mon portable toute la matinée, mais pas de résultat. J'envoie à MonHomme les identifiants en lui disant que je vais être en réunion et que je vais couper mon portable et que je ne le rouvrirai qu'une fois vraiment sortie. Je reçois le texto me disant que les résultats sont en ligne alors que je suis en chemin vers ma réunion. Et évidemment, impossible d'y accéder... Tant pis, j'entre en réunion et je coupe mon portable. Je suis là avec Copine, une collègue et copine, qui est bien au courant. Je lui glisse juste en entrant que les résultats sont arrivés mais que je n'ai pas pu les voir. Puis la réunion se déroule. Je suis concentrée. Tout va bien jusqu'à 15 mn de la fin, quand le chef d'établissement me dit: "Bon, il faut qu'on se fixe une prochaine date..." Comment faire sans consulter mon agenda, donc sans ouvrir mon téléphone??? Impossible.
Alors j'ouvre mon téléphone, et je vois, affiché sur mon écran, le texto laissé par MonHomme : c'est encore négatif. Et là, il y a un blanc, je n'entends plus rien autour de moi. Je cherche machinalement la date qu'on m'indique, oui oui, c'est bon. Je referme mon téléphone, je lève les yeux tant bien que mal, je croise le regard de Copine et elle comprend immédiatement. Elle prend le relais. Parfaite. Je me repose sur elle. Je n'ai pas le choix. Je m'efforce juste de ne pas me mettre à pleurer maintenant. Je suis incapable de dire ce qu'on a fixé pour la prochaine réunion, je n'ai rien entendu, rien écouté, j'ai juste acquiescé et j'ai tenu bon pour sortir. Heureusement que Copine est là, elle a tout géré bien comme il fallait, elle m'a quasiment soutenu pour traverser ce foutu préau qui n'en finissait pas, et une fois dehors elle m'a prise dans ses bras et m'a dit : "Viens, on va manger quelque part.". Elle a annulé ce qu'elle avait prévu en début d'après-midi. On a trouvé un chouette restau et on a passé un bon moment malgré le mauvais moment que c'était. Elle a été d'un très grand réconfort. Parfaite.


Le temps de la pause, l'embellie estivale

Au départ, MonHomme ne devait pas prendre beaucoup de vacances cet été-là car il finissait un Master 2 (chacun son temps pour les études...) et que surtout, il était en plein changement de poste à son boulot et avait donc ses preuves à faire... Il était donc censé ne prendre qu'une semaine en juillet puis une autre en août. Mais bon, il faisait beau, nous étions bien là-bas, ensemble, nous avions besoin d'avoir plus de temps ensemble. Alors finalement, il a commencé par décider qu'il allait être à moitié en vacances sur une 2e semaine : le matin, télétravail, l'après-midi, vacances avec nous. C'était chouette.
Entre ces deux semaines, un peu tout le monde était occupé ailleurs le week-end. Mon frère et sa famille avait rendez-vous pour le week-end avec leurs amis ailleurs pour trois jours, mes parents avaient décidé de retourner à GrandeVille, ma soeur était enfin en vacances, mais pour voir notre frère, elle passait le week-end avec lui. De mon côté, pas très envie d'aller à ce week-end vu que les amis de mon frère que j'aimais particulièrement n'y étaient pas et qu'au fond, j'avais surtout envie d'avoir la plage, la mer et la maison juste pour nous deux pendant quelques jours. Nous voilà tous les deux seuls, en amoureux et on se réserve un joli "petit" resto dans JolieVille vu que c'est carrément ça notre péché mignon. Un étoilé, oui madame! Il faut dire qu'à quelques jours près, nous fêtions nos dix ans d'amour et que ça, ça se fête tout de même. Super soirée, très beau repas, et puis sur la plage après ça, on a décidé qu'on allait se marier. Bon, pas tout de suite tout de suite, parce que d'une part je ne nous voyais pas trop gérer des rendez-vous pma et l'organisation d'un mariage et que d'autre part MonHomme ça l'angoisserait l'idée que je sois enceinte pour notre mariage: pour le bébé qui courrait peut-être un risque là-dedans à cause de la fatigue, pour moi parce que je ne pourrais pas profiter pleinement de la fête, et puis parce qu'on ne peut pas savoir si ma grossesse sera de tout repos, sans aucun risque, etc. Bon, il se fait beaucoup de souci MonHomme, mais finalement, je me dis qu'il n'a peut-être pas tort. Et puis si ça l'inquiète...
Alors du coup, on décide qu'on va tout de même l'annoncer à tout le monde, et puis qu'on va se pacser dès que possible pour entériner notre décision et qu'on se fiancera dans la foulée, question de faire une petite fête comme on en a envie et de commencer notre joli chemin de mariage. On décide aussi que c'est ici qu'on veut se marier, à JolieMaison et du coup on passe un certain temps à chercher un lieu qui nous convienne. Mais bon, comme on n'a pas de date, on cherche pour chercher, pour se trouver un lieu pour le jour où on aura décidé. On prend nos décisions pour notre pacs et nos fiançailles. On annonce tout ça à nos familles, à nos futurs témoins, on se réjouit.
Dans la foulée, MonHomme décide que c'est le bon moment pour partir en août 10 jours à Rome. Au diable le boulot... A nous la dolce vita!!!
Un très bel été. Je vais beaucoup mieux. Nous sommes bien ensemble, les doigts entremêlés, sans angoisse. Je me suis retrouvée.

mardi 25 février 2014

TEC 1.1 : idées noires

Nous nous lançons donc à corps perdu dans l'aventure du premier TEC (pour les PMettes débutantes, TEC, ça veut dire "Transfert d'Embryon Congelé", lequel ou lesquels sont aussi nommés Findus ou Pingouins voire Esquimaux sur la banquise)
Pour mon TEC avec GrandGygy, pas de médocs d'aucune sorte sur la première partie, juste un monitorage simple avec 2 séances en tout. Une  piqûre de Gonadotrophine pour déclencher l'ovulation et nous voilà début juillet à la clinique pour transfert des 2 embryons de J3 qui ont bien vécu leur sortie du grand froid. 
Le problème c'est que je ne vais pas bien. Vraiment pas bien. On est début juillet, j'ai été dispensée de bac et donc je suis libre comme l'air depuis presque 10 jours, depuis le début de ce protocole donc, avec rien d'autre à faire que me reposer, me détendre, avec la perspective de l'été devant moi, mais je vais mal. Je suis épuisée, claquée, littéralement vidée. Mon frère arrive des Etats-Unis où il vit, avec sa femme, son fils de deux ans et son tout petit bout de deux mois. Je suis heureuse de les voir, mais je suis totalement inexistante. Il s'en inquiète, m'en parle, me dit que je fais peut-être une petite dépression, qu'avec ces épreuves, ce ne serait pas impossible. Il a sans doute raison mais je persiste à m'imaginer que je suis juste épuisée de l'année passée et du dernier mois en particulier. Ce n'est pas complètement faux non plus.
Je pars, sans MonHomme qui n'est pas en vacances, mais avec une partie de ma famille dans notre JolieMaison du bord de mer, histoire de profiter de mon frère et de ses enfants et de décompresser le nez au vent dans cet endroit que j'aime tant. De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre. Je n'ai pas donné la date de la prise de sang et je prétexte le besoin de rentrer chez moi pour retrouver MonHomme avant de revenir avec lui à JolieMaison. Il est hors de question que je fasse la prise de sang loin de lui, même s'il ne peut être avec moi pendant la journée où je dois la faire.
Je rentre donc, je fais la prise de sang. Négatif. Le monde est pourri. De toute façon, je n'y ai pas cru un seul instant à cet essai, je crois.
Nous décidons de rester à GrandeVille le week-end, pour être juste tous les deux avec notre chagrin. Et on va se faire le feu d'artifice de GrandeVille. Waouw. Lundi matin, re-prise de sang, toujours pour le même résultat. Pour ma part, les choses sont claires: on ne recommence pas tout de suite, alors que ce serait tellement pratique, parce que moi, je ne peux pas, je ne suis pas en état. Je suis dans un état d'esprit trop négatif, je l'ai été tout du long de ce protocole, et je suis convaincue qu'il est vain (et bien trop pénible pour moi) de tenter d'affronter toutes ces épreuves dans un tel état. GrandGygy au téléphone me dit qu'il est désolé de ce résultat et ajoute que bon, à 40 ans (âge que j'ai depuis 3 petits mois), c'est forcément moins facile. Je lui annonce sans attendre que nous allons faire une petite pause parce que je ne suis pas en état d'affronter un autre protocole tout de suite. Ça tombe drôlement bien, car la clinique est fermée en août alors même si on avait voulu, ça n'aurait pas été possible...
Nous partons donc en vacances, le coeur lourd de chagrin, avec dans l'idée de nous reconstruire tranquillement.

Fiv Icsi 1

Nous voilà donc au pied de ce premier mur. Nous sommes inquiets, mais confiants et tellement contents d'avancer.
Cette fiv a lieu sur mon 24e cycle depuis que je les suis à la trace. Eh oui, j'ai commencé mes courbes de température en juin 2011 (et cela faisait déjà plusieurs mois que nous nous employions à fabriquer un bébé).
Je suis un protocole court avec Ménopur de J2 à J11 et Orgalutran de J6 à J12. J'ai décidé d'apprendre à me faire les piqûres moi-même pour être plus autonome et ça va. Je suis allée voir une infirmière les deux premiers soirs pour qu'elle me montre et m'apprenne. Puis, j'ai pris la seringue à deux mains, non une seule parce qu'avec l'autre il faut se pincer le bide, et je m'en suis bien sortie, quelques bleus mais pas trop.
Le monitorage est satisfaisant, tout se déroule bien. Enfin presque. Monhomme a décidé de venir avec moi au premier rendez-vous, question d'être ensemble, de voir ce qu'il se passe dans le bureau de madame Echo, de voir qui je vais devoir voir, à qui je vais devoir montrer tout mon intérieur (finalement, il n'a pas vu grand-chose, il a surtout été un peu tétanisé par l'outil...). La secrétaire de madame Echo m'avait dit de venir avec mon ordonnance. Oui, mais madame Echo, elle, ce qu'elle veut, c'est toutes les ordonnances avec tous les produits divers et variés. Evidemment, au premier rendez-vous, je ne les avais pas. Elle est très pro madame Echo, mais elle parle avec un petit accent que j'ai un peu de mal à comprendre lors de cette première rencontre ce qui fait que je ne comprends pas tout ce qu'elle me dit tout de suite, et surtout, elle me sermonne sèchement au sujet de ces ordonnances que je n'ai pas. Là, il a failli y avoir un incident diplomatique. Moi, je me sens comme une petite fille qui n'aurait pas fait ses devoirs (ben oui, mais on m'a pas clairement dit que j'avais aussi cet exercice à faire) et je vois Monhomme qui prend un visage tout fermé et dur. Là, heureusement, madame Echo s'arrête et passe à autre chose. Une fois dehors, Monhomme fulmine. Il m'explique que vraiment, si elle avait un peu insisté, il lui aurait expliqué que si personne ne nous dit clairement ce qu'il faut amener, on ne peut pas le deviner. Qu'a priori, je suis hyper organisée et que donc, si je n'ai pas un document, c'est juste qu'on ne m'a pas dit qu'il fallait l'avoir! Bref, un peu plus il la mordait madame Echo...

Les rendez-vous s'enchaînent et m'épuisent. J'ai essentiellement cours en matinée et j'arrive donc à gérer les rendez-vous en parallèle du boulot sans débordement :
  • lever vers 5h30 tous les deux jours
  • départ à 6h30 pour être vers 7h au labo de l'autre côté de GrandeVille pour la prise de sang
  • puis je retraverse GrandVille pour être au boulot à 8h30 quand c'est le cas
  • dans l'après-midi je retraverse GrandVille pour être au cabinet de madame Echo
  • et je retraverse une dernière fois pour rentrer à la maison...
Epuisant. Evidemment, c'est là qu'on te dit: "Surtout reposez-vous bien hein". Ben voyons!!!

J'ai 7 beaux follicules de chaque côté. La piqûre d'Ovitrelle est programmée et c'est parti pour la ponction. Madame Echo me souhaite bonne chance. Elle n'est donc pas si désincarnée que ça (d'ailleurs elle n'a jamais plus eu ce ton dur de la première fois).
Monhomme est complètement affolé par ces piqûres, par la fatigue liée au traitement et au parcours du combattant que je mène tous les deux jours, par l'opération à venir et l'anesthésie générale qui va avec et par la nécessité pour lui de fournir une bonne prestation ce jour-là.

Là, il y a eu un moment rock-and-roll encore: j'ai une vieille voisine qui s'occupe de mademoiselle LeChat quand nous sommes absents et avec qui je discute souvent car elle est malade et ne peut pas sortir de son appartement. Elle sait que nous sommes en Pma et m'a tout de suite expliqué que son fils est justement biologiste dans un service Pma d'un grand hôpital. Elle m'a tout de suite dit que si j'avais des questions, je pouvais demander son téléphone. Et accessoirement, c'est une vieille dame très croyante et depuis elle m'a dit que tous les matins elle priait pour nous. Ça m'a touché. Parce que c'est ce que ma grand-mère adorée aurait fait, mais qu'elle n'est plus là pour le faire. Bref, donc son fils est biologiste. Et nous voilà avec la perspective de la ponction puis du transfert et on réalise que nous n'avons pas discuté de cela avec GrandGygy. Combien d'embryons faut-il transférer? Combien compte-t-il transférer? Quels sont les risques? Quels sont les "avantages"? Y a-t-il des études à ce sujet? Si on doit donner notre avis, qu'en pensons-nous? Là, on réalise qu'on met tellement un pied devant l'autre qu'on n'a pas posé toutes ces questions. On cherche sur G**gle. Et puis le dimanche qui précède la ponction, voilà qu'il y a du bruit sur notre palier. Le fils de notre voisine est là, en train d'essayer d'ouvrir la porte de sa mère et sans y arriver. Je sors, demande ce qu'il se passe. Sa mère est tombée dans sa salle de bains la veille et elle est par terre depuis. Mais ses clés sont dans la porte et le fils ne peut entrer. Me voilà en pyjama, apportant l'aide que je peux (un tournevis, une pince à épiler, lesquels auront heureusement raison des clés laissées dans la porte) et me disant que justement, c'est à lui qu'on devrait poser nos questions, mais que ce n'est vraiment pas le moment. On ne le fera pas, le laissant appeler les pompiers et emmener sa mère à l'hôpital. Heureusement, car pendant la convalescence de la vieille dame, je suis souvent aller la visiter et un jour je lui ai raconté ça. C'est là que j'ai appris que ce n'était pas son fils le biologiste, mais son gendre... Non seulement ce n'était pas le moment, mais en plus ce n'était pas la bonne personne.

Bref, la ponction. Anesthésie sans problème. Lorsque je me réveille, GrandGygy vient me parler en salle de réveil pour me dire que tout s'est bien déroulé, qu'il a ponctionné 19 ovocytes, que c'est très bien. Là je réalise, du fond de mon nuage de réveil, qu'il me dit un truc important, un truc dont je dois me souvenir pour le dire à Monhomme quand je serai de retour dans la chambre. Je me concentre... autant que possible. Maintenant je sais qu'en fait, on revient nous dire ça dans la chambre. L'infirmière de la salle de réveil vient plaisanter : "Waouh, vous avez de quoi faire une équipe de foot!!!". Ça me fait rire. Je le répèterai à Monhomme qui voudra juste savoir si elle peut être mixte, l'équipe :-) De son côté, tout s'est bien passé aussi.
19 ovocytes, je réalise que je ne sais même pas les normes, si toutefois norme il y a. GrandGygy m'a dit que c'était très bien, mais que faut-il en penser? Je saurai assez vite que, s'ils sont de bonne qualité, c'est vraiment bien.
Me voilà avec un arrêt d'une semaine. Retour à la clinique prévu 2 jours après pour un transfert.
Monhomme a une réunion importante l'après-midi. Comme je me sens très bien (l'erreur de débutante!!! allez, Wonderwoman, plus forte que tout le monde hein!!!) je lui propose de me laisser simplement à l'entrée du métro et de filer à son boulot puisque, bien que nous habitions tout à fait à l'autre bout de GrandeVille, c'est notre ligne directe qui est là. J'insiste, je me sens bien. Me voilà donc dans le métro. Oui, mais au bout de 10 mn je sens que ça ne va plus. Plus les stations passent, plus je me demande si je vais même seulement être capable de me lever pour descendre... Bon, je ne recommencerai plus jamais ça.

Une fois chez moi et remise de mes émotions, je vais bien, très fatiguée, mais sans vraiment de douleur. J'évite tout effort, je me repose. Nous sommes pleins d'espoir. Pleins d'angoisse aussi car nous attendons le coup de fil du lendemain qui doit nous dire combien d'ovocytes ont pu être micro-injectés et combien ont été fécondés.
Le téléphone sonne: donc sur  19 ovocytes prélevés, 18 ont été micro-injectés (waouw), 9 ont été fécondés (rewaouw, c'est vraiment bien ça!)
Tout cela donne 9 embryons. Nous voilà donc prêts pour le transfert, en nous disant que si on peut, nous on préfèrerait en avoir 2 directement. Ça tombe bien, c'est ce que propose GrandGygy. Les embryons sont beaux. Les autres sont laissés en culture pour voir s'ils peuvent les congeler. Bilan : 3 embryons congelés : 2 à J3 et un à J5. Super.
On est confiants. On est à fond. On parle aux embryons.

Puis arrive la première prise de sang. Négative. Et là, tout s'effondre. D'un coup.

On le prend en pleine g***le. On réalise qu'on avait pensé, quelque part, que la nature n'était pas notre amie d'accord, mais que là, maintenant, tout était dans les mains des médecins et que donc, forcément, ça allait marcher. Oui, on savait, on avait lu, entendu dans la bouche des médecins, que ça ne marchait pas forcément à tous les coups, pas du premier coup. Mais on avait tout de même, tous les deux (et ma famille aussi d'ailleurs) pensé que ça allait forcément marcher. C'est une grosse claque. On tombe de haut.
Nos familles sont bien au courant de nos difficultés, de notre parcours, mais nous n'avons pas souhaité leur donner la date exacte des résultats. Nous sommes restés un peu évasifs. Pour nous préserver. Quelle que soit la réponse.
Mais ma soeur m'appelle cet après-midi là, un après-midi où je suis chez moi habituellement, parce qu'elle a une question à me poser sur l'été à venir. Je tâche de répondre. Mais elle entend que ma voix est blanche. Elle me demande si tout va bien et je m'effondre. Je lui donne le résultat. Elle est sonnée. Au fond, elle avait pensé tout comme nous. Je sanglote. Elle cherche quoi me dire. Désespérément. Et elle me dit quelque chose qui est juste, qu'elle voudrait rassurant, mais qui ne me va pas du tout: "Tu sais, ça ne peut pas marcher dès la première fois".
Elle a raison bien sûr mais sur le coup, je lui réponds que c'est vrai, mais que là, en fait, pour nous, ce n'est pas du tout la 1re fois, c'est au moins la 24e fois. La 24e fois où je note tout ce que dit mon corps - et je passe au moins 12 autres fois avant que je m'observe chaque jour, ce qui nous emmènerait à la 36e fois depuis qu'on a commencé nos essais. Je lui rappelle combien elle était exaspérée d'attendre son second enfant alors que son attente à elle a duré au grand maximum 6 mois, 6 ou 7 malheureux cycles donc. Nous, on en est à la 36e fois tu vois. 36 espoirs, 36 échecs. Je lui dis tout ça entrecoupé de gros sanglots. Elle est toute désolée de ce qui nous arrive, ne sait plus quoi dire.  Le lendemain, elle me rappelle pour prendre des nouvelles, commence par s'excuser de n'avoir pas trouvé les bons mots. Me dit qu'elle y croyait tellement pour nous qu'elle en a été toute surprise et n'avait pas du tout prévu que ça puisse être négatif. Je lui explique que ce n'est pas grave, qu'elle a dit ce qu'elle pouvait, qu'il n'y a au fond rien à dire dans ces cas-là et que de toute façon aucune parole ne pouvait vraiment être un secours pour nous dans ces circonstances. Le monde entier nous semblait simplement injuste tout à coup et personne n'y pouvait rien.
La 2e prise de sang confirme. Je passe chez mes parents, pour leur annoncer le résultat de vive voix. Je pleure. Ils sont bouleversés. Trouvent juste les quelques mots qu'il faut pour me dire combien ils sont à nos côtés.
L'après-midi, j'appelle GrandGygy. Il est désolé et nous propose de repartir directement sur un TEC puisque mes règles ne sont pas encore arrivées. Il pratique les TEC sur cycle presque naturel, c'est donc possible d'enchaîner sans épuiser mon corps. Je suis contente de cette proposition, Monhomme suit à fond. GrandGygy termine la conversation en nous souhaitant "Bon courage". C'est gentil, vraiment. Je pourrai constater à chaque échec, à chaque mauvaise nouvelle, à chaque consultation difficile, que ce seront toujours ses derniers mots. C'est bien. Ça me va. Il est vraiment humain GrandGygy.


lundi 24 février 2014

Les choses sérieuses commencent... enfin!

Nous voilà donc, en septembre 2012, chez GrandGygy, tous les deux dans nos petits souliers, avec tous nos papiers et notre histoire. Il consulte tous nos papiers, écoute notre histoire, nous parle avec douceur et nous prescrit à l'un et l'autre de nouveaux bilans pour avoir un point récent. Il me fait une échographie et là... découvre mon fibrome (déjà là un an avant; est-ce le même, a-t-il grossi?). Ce fibrome semble prendre une grande partie de mon utérus. Il m'explique gentiment qu'il va falloir vérifier et éventuellement m'opérer pour m'enlever ce fibrome qui se comporte sans doute comme un stérilet en moi. Donc il me prescrit aussi une échographie plus poussée ainsi qu'une hystérosalpingographie pour vérifier la perméabilité des trompes et pour évaluer la taille et la position du fibrome. Il nous dit aussi que nos âges ne jouent pas en notre faveur (j'ai 39 ans, Monhomme en a 43) et qu'il va falloir accélérer les choses.
Quand nous sortons de là, nous sommes plutôt contents. GrandGygy est très doux, très humain, il écoute, il lit les dossiers, il réfléchit à ce qu'on lui dit, il parle à l'un et à l'autre, il tâche de bien se faire comprendre. Monhomme l'a trouvé bien, c'est important car nous aurons à le revoir souvent.

Nous voilà à refaire tous les examens. Les miens sont assez similaires au premier. Idem pour Monhomme, avec une vitalité un peu meilleure.
L'échographie montre que le fibrome occupe presque le quart de mon utérus, lequel n'a pas d'autre problème. L'hystérosalpingographie montre que mes trompes sont fines (peut-être un peu trop) et perméables comme il faut). L'endomètre fait 5 mm (J9) et il y a une vingtaine de follicules sur chaque ovaire ce qui fait soupçonner un SOMPK (finalement non). Pour moi, cet examen a été totalement indolore...

Nous programmons donc début janvier 2013 une opération pour enlever ce fibrome intra-utérin et une coelioscopie pour contrôler l'état des ovaires. Finalement, donc, moi aussi j'avais un problème. Et pour MonHomme, c'est un peu idiot, mais c'était plutôt une bonne chose. Ça permettait de partager un peu les raisons pour lesquelles ça ne marchait pas. Il s'est senti moins seul devant la culpabilité qui nous ronge forcément dans tout ce parcours.

Là, ça a été rock-and-roll. L'opération était prévue sur la fin des vacances et j'allais être absente sans doute quelques jours, ce qui était un moindre mal comparé à une opération en pleine période de boulot. Mais bon, 10 mn avant qu'on m'emmène sur le brancard, je me sens mal, très mal, très très mal alors que 5 mn avant, je parlais avec l'infirmier et je n'avais rien du tout. Je me vide de partout, je ne tiens plus debout, la tête tourne, les jambes ne tiennent pas. Bref, l'anesthésiste ne donne pas son feu vert et diagnostique une gastro monumentale et foudrayante. Annulation de l'opération. Je téléphone à MonHomme pour qu'il vienne me rechercher en urgence. Je souffre atrocement de spasmes. MonHomme appelle mon médecin traitant pour qu'il vienne me voir (on est dimanche...). Quand celui-ci passe le soir, les symptômes ont cessé, mais je suis dans un état lamentable, totalement épuisée. Il m'arrête pour une semaine et m'explique que les spasmes sont l'équivalent des premières contractions... L'effet du Cytotec que GrandGygy m'avait donné pour ramollir le col et faciliter l'opération et qui sert entre autres lors des IVG. Nous consultons la notice du Cytotec pour savoir quels sont les effets secondaires, parce que mon médecin traitant ne voit aucun signe de gastro alors que, 6 heures avant, j'en avais tous les signes. Et clairement, tous les symptômes sont là. Il semble que j'aie fait une méga-réaction au Cytotec... 
Le lendemain, j'ai GrandGygy au téléphone. Il me donne le point de vue de l'anesthésiste. Je lui donne le mien sur le Cytotec et lui dit que je ne souhaite pas reprendre ce médicament lors d'un 2e essai d'opération. Il est d'accord avec moi, nous ferons sans et nous reprenons date pour fin janvier. La 2e opération se passe bien. Le fibrome est enlevé et la coelioscopie montre que  mes ovaires portaient quelques traces d'endométriose qui sont enlevées. Sinon RAS.
Depuis cette opération, je dois dire que les règles sont devenues peu douloureuses, peu abondantes et plus courtes... Pourquoi avoir tant attendu???

Nous revoyons GrandGygy en février 2013 pour faire le bilan de l'opération et il m'envoie faire une hystéroscopie de contrôle, qui montrera que tout va bien dans l'utérus maintenant, et une mammographie aussi ("vos seins sont parfaits mademoiselle", rrrhhââ, ça c'est gentil!!!). 
Fin avril, nous pouvons enfin programmer la suite: FIV ICSI.
Du coup, je préviens aussi GrandChef à mon boulot: je dis les choses, toutes les choses, pour expliquer que je vais avoir des contraintes, au dernier moment, sans possibilité de prévoir vraiment à l'avance, que ça va pas mal bouleverser ma vie y compris professionnelle. Il se montre très compréhensif, me dit qu'il va falloir me faire dispenser de bac (ben oui, je suis prof en lycée) dès maintenant (ah oui, tiens, je n'y avais pas vraiment pensé) et m'aide pour cela. Ouf.


Premiers examens, premières angoisses, premières errances

Septembre 2011 donc, nous y voilà enfin, le premier rendez-vous pour attaquer vraiment sérieusement et médicalement les choses.
Ma gynéco me donne  à faire un bilan hormonal et une écho pour évaluer ma réserve ovarienne et s'assurer que tout va bien là-dedans. Elle me donne le nom d'un andrologue pour MonHomme. Ce médecin lui prescrit le premier spermogramme et un bilan hormonal également.

Mon bilan hormonal est bon: AMH à 5 ng/ml et FSH à 5,2 UI / l.
L'écho montre que ma réserve ovarienne est bonne (j'en ai pleuré tellement je craignais ce résultat) et montre qu'à l'intérieur tout va bien, sauf la présence d'un fibrome qui ne semble pas inquiétante du tout. Un an après, je saurai qu'en fait, si, ce fibrome était un vrai problème...

Du côté de Monhomme, c'est bien plus compliqué. Le matin où il est allé au labo chercher le résultat du bilan hormonal, il a mis plus de 3 heures à revenir. Je m'inquiétais. J'avais raison. Il a passé 2 heures à pleurer, seul, sur ses résultats dans sa voiture avant de rentrer me les montrer. Ce qui l'a fait pleurer, on s'en moque bien aujourd'hui, c'est le résultat de la Testostérone : taux faible, très faible, équivalent à celui d'un enfant ou d'un vieillard... Bref, il n'est pas un homme. Enfin c'est ce qu'il a pensé, ressentit.
Vient ensuite le moment de faire le spermogramme. Ce n'est déjà pas simple. Mais ce n'est rien à côté du retour des résultats. On lit les chiffres, pour la 1re fois, sans tout comprendre. Keskesaveudir? Et G**gle devient notre meilleur ami. Asthénotératozoospermie + nécrospermie. Super. Donc, les zozos sont quasi immobiles (90% restent sur place), ils sont presque tous malformés (à 93%) et en plus, ils meurent rapidement (au bout d'une heure, il n'en reste que 20%...).
MonHomme focalise sur les formes atypiques. Je dois lui expliquer posément que même si le chiffre est mauvais, au-delà de la norme, cela ne veut pas dire que les bébés qu'on va faire, y compris (surtout) avec l'aide de la médecine, seront malformés car les zozos malformés n'ont en fait que peu de chances de faire des bébés et que la malformations du zozo n'a rien à voir avec la malformation d'un embryon puis d'un foetus. L'andrologue trouve le bilan pas très positif certes, mais pas totalement alarmant non plus puisqu'il y a assez de zozos somme toute (ben oui, avec un coup de bol et un vendredi 13 où on aurait joué et gagné au loto sans doute). Cela rassure un peu MonHomme. Il donne un petit traitement pour la testostérone et nous encourage à continuer nos efforts.
Avec tout cela, MonHomme voit ressurgir le spectre d'une grave maladie qu'il a eue avant de me rencontrer et pour laquelle il a été pendant 9 mois sous antibiotiques. La médecine ne sait pas encore très clairement quelles sont les retombées de cette maladie, quels sont exactement les effets a posteriori d'un tel traitement. Il se demande si la maladie et le traitement n'ont pas à voir avec ces résultats. Pour moi, même s'il serait dans l'absolu intéressant de savoir cela, il n'en reste pas moins qu'il ne sert pas à grand-chose de scruter notre passé puisque nous ne pouvons pas le changer et qu'il est plus utile de nous tourner vers notre avenir.
Avec le recul, je me demande pourquoi ce docteur, un grand ponte dans sa spécialité pourtant, ne nous a pas envoyés rapidement consulter en Pma. Car avec de pareils résultats, oui il y a un infime espoir que nous puisions concevoir naturellement, mais tellement infime qu'il fallait évidemment tirer la sonnette d'alarme dès ce moment. Il m'apparaît clairement aujourd'hui qu'entre mon fibrome soit-disant pas problématique et le spermogramme de MonHomme, nous avons à ce moment perdu une bonne année à attendre que la nature fasse gentiment son œuvre. Elle n'est pas pour nous la nature...

dimanche 23 février 2014

Au commencement...

était le couple. Au début, tout semble simple. Ou presque.
Quand nous nous rencontrons en 2003, nous avons tous les deux plus de 30 ans. Pas vieux à l'aune de la vie, mais déjà plus tout jeunes. Nous nous en soucions peu, car nous sommes tout à notre rencontre, à ces premiers mois au cours desquels se tissent les premiers liens forts de notre couple. Nous vivons éloignés l'un de l'autre, cela nous occupe bien assez.
En 2006, MonHomme trouve un boulot pas (trop) loin de GrandeVille où je vis et vient s'installer chez moi.
En 2008, j'ai 35 ans. Tout d'un coup, l'horloge biologique fait Tic-Tac un peu trop fort. Ma soeur a deux jeunes enfants, et je réalise que j'aimerais leur donner des petits cousins avant qu'ils ne soient trop grands (bon, vu de 2014, la grande va avoir 10 ans et le petit en a déjà 8...). Mais Monhomme n'est pas prêt. C'est un homme fragile, qui n'a pas une bonne image de lui, à qui on a peu fait confiance, je ne veux pas le brusquer. Je patiente, nous discutons beaucoup. Je m'occupe l'esprit en reprenant mes études en parallèle de mon boulot.

En 2010, mon projet d'études aboutit et MonHomme est enfin prêt à se projeter en papa. Il voit un psy pour mettre à plat ses problèmes et essayer de lever ses blocages. Cela prend du temps, beaucoup de temps. Mais nous pensons qu'il faut commencer par cela.
A l'été 2011, je vais voir ma gynéco pour aborder le problème puisqu'aucun enfant ne pointe le bout de ses fesses roses. Elle me donne quelques conseils, me demande de faire des courbes de températures, ce que j'avais déjà commencé et me donne rendez-vous après l'été si rien n'a changé.

Septembre 2011 : nous y voilà enfin, le premier rendez-vous pour attaquer vraiment sérieusement et médicalement les choses.